Le village de Plieux

De l’époque néolithique, nous avons une multitude de haches polies retrouvées dans les champs ; l’on peut donc supposer la présence d’hommes les utilisant et se trouvant sur ces lieux ! Les Gaulois, ne nous laissent pas de traces effectives sur le sol sauf la toponymie d’un lieu : Pilots. L’époque romaine est bien plus riche en vestiges ! Sur la commune l’on connaît l’emplacement de trois villas. Sur le terrain, des morceaux de poteries sigillées, marbre, monnaies, poids de tisserand, cul de lampe… certifient que l’on se trouve sur un lieu de cette période. Au IV° siècle après JC, au lieu-dit Sainte-Marie, sur l’emplacement de la villa romaine, est implantée une église. A la même époque, ou un peu plus tard, d’autres lieux de culte seront édifiés. L’église, dite de Saint-Jean, sera construite un peu après et deviendra l’église du village.

Le Château

En 1270, l’on trouve mention de la présence d’un castrum, sorte de campement fortifié, existant à l’emplacement du château actuel sur l’élévation du terrain. Le château semble avoir été construit aux alentours de 1340 sur les ordres de Raymond Arnaud de Faudoas, puissant seigneur de Lomagne. En 1553, un édit royal, signé à Saint-Germain-en-Laye, donne la concession des foires et marchés de Plieux à Georges Rochechouart, « écuyer et seigneur des lieux ». En 1662, le seigneur de Plieux est le comte de Campaigne. En 1762, Plieux est la propriété de Messire Jean-Jacques, Joseph, Mathieu d’AYGUESVIVE, conseiller au Parlement de Toulouse. Après la révolution, la famille Dufaur le possède et les descendants le gardent jusqu’en 1992, année où l’écrivain Renaud Camus l’acquiert pour l’habiter. Le château de Plieux est un des plus beaux exemples de « châteaux gascons ».

Naissance du village

En 1270, y avait-il déjà autour du château en bois, quelques habitations ? Rien ne le prouve à ce jour. L’on peut donc supposer que ce n’est qu’après la construction du château actuel et de sa première rangée de fortifications que le village primitif s’est développé. Mais d’où venait son nom ? Aucune certitude sur sa provenance. Un historien affirme qu’il nous viendrait du mot « Planus » (plaine). Mais à Plieux, la plaine où se trouve-t-elle ? Sur la vallée des rivières Arratz ou Auroue ? Appelle-t-on plaine, à ce moment-là, la vaste étendue du plateau en direction du village voisin de L’Isle-Bouzon ? Rêvons ici un peu, en pensant que ce nom nous aurait été laissé par un romain se nommant Plius ! Y avait-il à Plieux une multitude de peupliers ? Pourquoi pas : les Romains appelaient le peuplier de diverses manières dont le mot PLIEUX...

Ce village primitif, dont une des entrées se trouvait assurément sous la haute tour Ouest du château, se montra trop exigu. L’on voit encore que la tour était percée de part et d’autre, juste dans l’axe de la rue principale. Le château, beaucoup plus vaste qu’aujourd’hui, occupait une place très importante (côté Est, sur le mur extérieur, une cheminée et des portes donnant dans le vide confirment cette certitude).

Dans le « livre terrier » de 1669,  ce premier ensemble fortifié sera cité comme « enclos ». La porte Est, ou porte de Saint-Jean, assurait la fermeture du lieu. On aperçoit encore son emplacement à l’entrée haute du village. Une deuxième rangée de fortifications fut construite versant Nord et Nord-Est. Les fortifications, que l’on voit encore, étaient fermées par la « Portette » au Nord et la porte de « Bican » au Nord-Est. De cette dernière, il reste un semblant de mur de côté, et à ses pieds, et sous le chemin actuel, se cache une fontaine bâtie en voûte. La « Portette » a existé jusqu’en 1989, elle était pratiquement complète. Son système de fonctionnement était apparent et elle appartenait à un particulier, ainsi qu’une bonne partie du mur de fortification s’y appuyant. Sa voûte déséquilibrée par une pierre menaçant de tomber, l’on imposa au propriétaire sa destruction, un passage public se trouvant dessous. Que de regrets, aujourd’hui, pour les amateurs de vieilles pierres ! Dans cet espace fortifié un enchevêtrement d’habitations fut édifié. De belles demeures en pierres, avec des murs en colombages dont il ne reste plus qu’un bout visible côté rue basse. Non loin de la « Portette », une étable possédait des colombages ainsi que des éviers au niveau du premier étage. Car les maisons d’alors avaient, pour la plupart, l’habitation au premier étage. Une population importante résidait dans ces murailles : jusqu’à 800 habitants. Ce qui reste tout de même surprenant c’est l’absence de lieu de culte situé dans cet espace fermé. Cependant, pour l’observateur qui descend du bas de la montée vers le château, en direction de la rue basse, il sera facile de repérer à sa droite une porte murée ressemblant à une entrée d’église, voire de couvent. Plus tard, mais bien avant 1669 et déjà en 1553, le village croît vers l’Est, par manque de place. Ces nouvelles constructions s’appelleront « le faubourg ». Le notaire, et le juge de paix du lieu, habiteront là avec d’autres notables. Des pierres taillées ressemblant à celles du château et du mur de fortification seront réutilisées.

L'église

Au bas du faubourg, l’église, dédiée à Saint-Jean Baptiste (un des plus anciens titres d’église), est construite, flanquée d’un clocher-donjon des plus beaux. Ce clocher, dit du XV° siècle, sans ouvertures à la base, à contreforts dans la diagonale des angles, n’est percé de grandes fenêtres gothiques qu’à son dernier étage. Dans l’un des contreforts élargi en une tour, un escalier permet l’accès à la plate-forme. Sa flèche en pierre, d’un beau jet, double sa hauteur. Dans le « livre terrier » de 1669, l’église appartient, avec ses terres attenantes, au curé du lieu. Dans le cadastre Napoléonien, ses dimensions sont données : elle mesurait 24, 75 m de longueur sur 9,15 m de largeur, pour une hauteur de 6,40 m. Elle était dallée de pierres et possédait un auvent, sous lequel certains prêtres demandaient à être ensevelis. L'église, accrochée au clocher, fut détruite en 1875. C'est donc de 1875 à la fin de 1876 que l'église d'aujourd'hui est construite dans des dimensions autres et dans une hauteur plus importante. A ses pieds, posée dans l’herbe, l’on voit aujourd’hui une pierre sur laquelle l’on peut lire : « La Chapelle Notre-Dame a este bâtie en l’année 1628, estans prieurs Bertrand Soucaret, Jean Aurensan, Arnaut Ducassé, par François Plais Masson ». Cette pierre d'où nous vient-elle ? De cette ancienne église, d'une autre sise sur la commune ? Nul à ce jour ne peut le dire.

Dans le faubourg du village se trouvent les plus belles demeures, dont la chartreuse sur la place du village. Ce sont des familles fortunées qui les font construire. Y vivent notaires, juges, et bourgeois.

Aujourd’hui, la commune de Plieux comporte 170 habitants. Elle est tournée principalement vers l’agriculture. Quelques demeures ont été acquises par des étrangers, la plupart originaires de l’U.E., et sont occupées à titre de résidences secondaires.